SOURCE NICE MATIN
Un parapentiste a passé près de deux heures suspendu à une ligne à haute tension avant que les sauveteurs ne le sortent de ce mauvais pas
« Je n’ai rien compris. J’ai fait une simple faute d’inattention. J’appelais à la radio un ami qui était au-dessus de moi. Et lorsque j’ai tourné la tête, les câbles étaient là. Je suis passé entre deux d’entre eux et me suis retrouvé coincé. Je ne pouvais plus rien faire. Déjà j’apercevais les arcs électriques un peu plus bas dans la vallée ».
Philippe Simon revient de loin. Ce parapentiste de 56 ans, habitant Saint-André-de-la-Roche, a passé près de deux heures suspendu à une ligne à haute tension à 50 mètres au-dessus de l’autoroute A8, en amont du tunnel du col de l’Arme à Beausoleil. Il était 12 h 46 très exactement lorsque l’alerte a été donnée par un autre amateur de vol libre qui survolait la scène. Les sapeurs-pompiers de Menton, placés sous le commandement du capitaine Loïc Ganora, ont eu dans un premier temps le plus grand mal à localiser le malheureux.
Puis, découvrant une situation pour le moins critique, ils ont immédiatement fait appel à leurs spécialistes du Grimp et au Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM).
Une opération de secours extrêmement périlleuse a alors débuté avec l’appui de l’hélicoptère de la sécurité civile, Dragon 06.
Déplacé par le souffle de l’hélicoptère
C’est d’ailleurs par les airs qu’un homme du PGHM a d’abord essayé de récupérer la victime. Mais la voile du parapente commençait à se gonfler dangereusement et Philippe Simon a même été déplacé de plusieurs mètres. « C’est à ce moment-là que j’ai vraiment eu peur. Au moment où je me suis accroché, je n’ai pas eu le temps de réaliser et après, je savais être solidement arrimé. Mais lorsque j’ai vu ma voile se gonfler, j’ai cru que j’allais être entraîné par le souffle des pales. Je me suis même préparé à redécoller en urgence… en espérant en avoir le temps ». Mais l’équipe du PGHM, sous la responsabilité de l’adjudant Besson, et les hommes du Grimp avaient déjà changé de tactique. Il s’agissait désormais de placer une longue corde lestée de part et d’autre des câbles.
« Même si je trouvais le temps long, coincé sur le côté contre ma sellette sans pouvoir bouger, les secouristes m’ont rassuré tout le temps. Cela a été très important ».
Un homme rassuré qui a du coup su garder son sang-froid au moment de couper les cordages qui le reliaient à sa voile pour pouvoir être descendu au sol par la technique dite de la « moulinette ».
Et c’est finalement sans une égratignure que le miraculé, désormais coincé à flanc de montagne, a été hélitreuillé avant de retrouver, enfin, la terre ferme.
« Je crois que cette fois, c’est définitif. C’est la troisième frayeur que je me fais. Et mon épouse n’en supportera pas plus », expliquait avec regret le passionné qui totalise tout de même 300 heures de vol.
10 foyers privés d’électricité
Mais si Philippe Simon s’en sort merveilleusement bien, l’« incident » a eu de nombreuses répercutions sur la vallée où 57 foyers se sont retrouvés dans un premier temps sans électricité, avant qu’Électricité réseau diffusion France (ERDF) n’arrive à la rétablir pour 47 d’entre eux.
Hier soir, en plus des foyers restants, la station-service Avia de l’aire de Beausoleil n’avait plus de courant et tournait comme elle pouvait sur un générateur de secours. Des caisses et les pompes automatiques étaient hors service et plus aucun moyen de paiement étranger par carte ne pouvait être accepté. Quant à la voile du parapentiste, restée accrochée en reliant deux câbles, elle empêche le retour à la normale du réseau. Et il faudra certainement l’apport d’un autre hélicoptère, d’ERDF cette fois, pour conclure définitivement cette aventure.
Olivier Poisson (opoisson@nicematin.fr)